Préface de Philippe HUGON.

Coédition ORSTOM - Karthala.

Cet ouvrage décrit la création du capital financier et industriel au Sénégal. Plusieurs questions importantes y sont posées : quel est le pouvoir du capital financier ? Que signifie pour un pays en voie de développement la transnationalisation des circuits monétaires ? Guy Rocheteau distingue à ce propos deux périodes correspondant approximativement aux deux décennies ayant suivi l'indépendance.

La première décennie a largement vérifié la thèse des théoriciens du capitalisme périphérique selon laquelle les relations de dépendance, héritées de la colonisation, rendent impossible la formation d'un capital autonome. Durant cette période, l'industrie sénégalaise n'a pu se développer que grâce à des apports étrangers - essentiellement franaçsi - soumis à des objectifs extérieurs aux intérêts du pays. L'auteur signale en particulier le rôle des banques d'affaires telles Paribas ou la compagnie financière de Suez ou de maisons de commerce comme la S.C.O.A. ou la C.F.A.O.

La seconde décennie verra apparaître, quant à elle, une profonde modification des structures financières. Les forces nationales sénégalaises et en premier lieu l'Etat accroissent leur capacité d'initiative. A noter plus particulièrement : un accès plus facile au crédit bancaire pour les P.M.E., la libéralisation du crédit, une politique plus large de l'émission, une diversification de l'aide publique internationale, un développement des cofinancements. Cette évolution aboutira à une plus grande autonomie des centres de décision monétaire, concrétisée par le second accord, en 1973, de l'Union Monéaire de l'Ouest Africain.

L'ouvrage de Guy Rocheteau ne constitue pas seulement un document précieux sur l'économie du Sénégal. Il a valeur d'exemple et de méthodologie pour mieux cerner le problème fondamental des nations africaines : celui du pouvoir financier et de l'indépendance économique.