Malgré l'enthousiasme unanime des Conventionnels qui décrétèrent, le 16 pluviôse an II (4 février 1794), l'abolition générale et immédiate de l'esclavage dans les colonies françaises, l'application de cette mesure fut toujours contestée et ne devint que très partiellement effective.

En tête des opposants les plus irréductibles à cette application figurent les possédants des Mascareignes, les îles orientales françaises, l'Ile de France (aujourd'hui Maurice) et La Réunion, et leurs députés et sympathisants à Paris. De 1794 à 1802, ils développèrent, pour l'empêcher ou, du moins, la retarder, un argumentaire tenace et subtil, dont l'ouvrage analyse les détours et les résurgences.

En traitant le cas des colonies orientales de l'Ile de France (Maurice) et de La Réunion, le livre retrace les débats passionnés qui, autour du thème de l'abolition, se déroulèrent à la Convention, dans les assemblées du Directoire et, à partir de 1799, dans l'entourage de Bonaparte. Une histoire complexe, aux rebondissements multiples, eux-mêmes étroitement liés aux péripéties de l'histoire intérieure ou extérieure de la France.

Table des matières

Introduction : Le point, en février 1794, sur la question de l’abolition en général et dans les Mascareignes en particulier

I. La subtile stratégie d’obstruction à l’application de l’abolition aux Mascareignes de leurs députés à la Convention. Ingéniosité et efficacité du discours colonial néo ou crypto-esclavagiste

1. La relation des députés des Mascareignes à l’abolition : virtuosité dans l’ambiguïté et pragmatisme avant tout

2. Les raisons foncières de refuser une application brutale et incontrôlée du décret de pluviôse

3. Les mesures préconisées par les députés des Mascareignes pour l’ensemble des colonies

4. La légitimité et la nécessité de mesures spécifiques pour les Mascareignes

5. Un art consommé du discours au service de la cause des colons

II. Le temps des tergiversations, février 1794-septembre 1795 ou les méandres de la politique de la Convention en matière d’abolition et de colonies

1. L’assourdissant silence de la Convention montagnarde

2. Fin 1795-Début 1796, le coup de tonnerre des Vues générales … et l’affrontyement entre Gouly et les députés de Saint-Domingue

3. Le grand débat sur les colonies de pluviôse an III

4. La première expédition prévue pour les Indes orientales et les conséquences, en matière coloniale, des insurrections jacobines du printemps 95

5. En marche vers une nouvelle Constitution et vers la définition d’une nouvelle politique coloniale de la France, l’assimilation et même la départementalisation

6. La Constituion du 5 fructidor an III (22 août 1795) et ses conséquences pour les colonies orientales

III. 1796 – Le temps de l’action. La mission de Baco et Burnel ou l’illusion brisée

1. L’équipée de Baco et Burnel

2. Un échec inéluctable ? Les responsabilités imputées aux agents et celles, infiniment plus certaines, des colons

3. Trahison ( ?) des uns, apathie ou manque d’énergie des autres, une faillite collective

IV. Le temps des dérobades et des chimères. Fin 1796-avril 1797

1. Des agents embarrassés et embarrassants. Fin 1796-avril 1797

2. L’offensive anti-constitutionnelle et néo-esclavagiste du parti « clychien », avril-début septembre 1797

3. Les conséquences, en matière coloniale, du coup d’Etat du 18 fructidor an V (4 septembre 1797)

4. Les rêves orientaux de 1798 et le projet Louis Monneron

5. 1799-Les derniers projets du Directoire intéressant les Mascareignes

V. Novembre 1799-mai 1802 : des ultimes velléites d’appliquer l’abolition à sa révocation par Bonaparte

1. Novembre 1799-février 1800, le temps de l’expectative et de l’information : la grande enquête sur les colonies

2. Les résolutions du printemps 1800 : le projet de mission de Villaret-Joyeuse et Lequoy-Montgiraud

3. Octobre 1800, la mission de Cossigny Palma à l’Ile de France ou l’ultime ébauche abolitionniste

4. Les dernières ambiguïtés de 1801 : l’affaire des déportés de la machine infernale

5. Autome 1801-printemps 1802, les choix esclavagistes du régime consulaire

6. 1802-1803, le rétablissement de l’esclavage

Conclusion