On a beaucoup écrit sur les militaires, les fonctionnaires et les missionnaires qui ont oeuvré en Afrique noire pendant la colonisation ; en comparaison, les commerçants et le commerce sont mal connus.

La carrière de Raymond Vacquier a été tout entière consacrée à ce commerce, sur place, de la Mauritanie à l'Angola de 1924 à 1945, puis en France jusqu'à ces dernières années. Son livre n'est pas plus le journal d'un commerçant et de ses états d'âme qu'une oeuvre de polémiste ou une thèse universitaire : destiné à "l'honnête homme" qui n'est de métier ni historien nu économiste, ni sociologue, ni moraliste, il se lit comme un "reportage a posteriori" où les anecdotes, cueillies à vif, foisonnent. Des souvenirs personnels ainsi que ceux d'autres coloniaux, des documents originaux ainsi qu'une patiente exploration bibiographique en ont fourni le matériau.

Décrivant les objets et la nature du commerce, son organisation, ses aspects humains et sociaux, cet ouvrage st certainement le premier à donner un panorama aussi direct, vivant et varié de ce métier, de ses acteurs noirs et blancs, de son ambiance, alors que, quelques années encore, et dans les pays qui furent les colonies, le commerce n'aura plus rien de son ancien visage et que ses derniers témoins auront disparu.