Le soleil se couchait alors que Shanga redescendait vers l'usine. Il marchat comme un somnambule, la t^te bourdonnante de souvenirs.

La vue fantastique qui s'étalait droit devant lui, le saisit soudain tout entier. Ses yeux, son voeur ne pouvaient s'en détacher : les immenses champs de cannes qui habillaient les savanes aux milles bosses comme un monstre de légende : les cordons de bambous vert émeraude et de flamboyants vermeils qui les quadrillaient : les fromagers couverts de flocons blanchâtres ; tout, à l'heure crépusculaire, se crouvait de l'oranger blafard du soleil couchant et prenait un aspect à la fois calme et furieux.

Mais il y avait aussi l'usine, le monstre réel qui, tapi dans son coin, insatiable, attendait sa fournée nouvelle d'aliments humains !

Shanga s'arrêta un instant, puis, tout haut, il s'adressa à l'usine : "Il faudra bien que demain tu sois une source de bonheur pour les nègres. Oui, demain, quand le soleil aussi rouge que ce soir se lèvera !"