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Les adeptes du culte afro-cubain du palo monte, les paleros, ont la réputation d’être des sorciers rapides, efficaces et bon marché. Ces praticiens généralistes aident leurs clients à soigner une maladie, à redonner du piment à une relation amoureuse vacillante ou à calmer les ambitions de collègues jaloux. Les paleros doivent ces pouvoirs exceptionnels à l’esprit d’un mort qu’ils ont domestiqué. Il s’agit d’une tâche hautement ardue puisqu’elle implique de convaincre un esprit omnipotent d’abandonner sa liberté pour se mettre au service d’un vivant, de défier la loi en dérobant des ossements dans un cimetière et surtout d’accepter de partager son existence avec un mort dangereux et susceptible à chaque instant de bouleverser sa vie.

En effet, les paleros vivent avec leur mort, ou plutôt cohabitent avec son avatar matériel, un chaudron qui renferme ses os. Ils partagent ainsi leur quotidien avec cet être qui est à la fois leur dieu et leur esclave, la solution et parfois la cause de leurs maux.

Ce livre, fruit d’une longue enquête ethnographique, explore la relation qui se noue entre les pratiquants et leur « mort domestique », la manière dont celle-ci s’immisce dans leur vie quotidienne et contribue à l’émergence des pratiques individualisées du palo monte. Il retrace le parcours religieux complet d’un palero, de son entrée dans le culte jusqu’aux préparatifs en vue de sa mort, en portant une attention soutenue aux matières, aux espaces et aux rituels qui permettent à sa vision religieuse singulière de prendre corps.

Formée en ethnologie, Katerina Kerestetzi est chercheure au CNRS et membre du Laboratoire d’anthropologie sociale. Ses recherches portent sur les religions afro-cubaines – et notamment sur le palo monte –, sur leur matérialité, leur spatialité, leurs rituels et les modalités pragmatiques de leur transmission et réinvention.