Sorcellerie et violence en Afrique
Auteur(s) :MARTINELLI Bruno et BOUJU Jacky
Résumé :
Dans plusieurs pays africains, en ce début de XXIe siècle, la croyance à la sorcellerie se traduit par des accusations, des stigmatisations, des violences, des procès judiciaires et, parfois, par de lourdes condamnations.
16 pages de photos couleur.
Dans plusieurs pays africains, en ce début de XXIe siècle, la croyance à la sorcellerie se traduit par des accusations, des stigmatisations, des violences, des procès judiciaires et, parfois, par de lourdes condamnations. Des églises aux tribunaux, la sorcellerie désigne des personnes auxquelles on attribue une multiplicité d’influences néfastes sur autrui, des actes de cannibalisme nocturne, d’agression à distance ainsi que des pouvoirs de vampirisme, d’ubiquité, de métamorphose, de transports aériens nocturnes etc. Être désigné comme « sorcier » impute à la personne accusée une capacité de nuire et l’assigne à une déchéance d’humanité. De l’espace villageois à l’espace urbain, de l’espace privé à l’espace public, les flambées de violences accusatrices ont un caractère quasi épidémiologique allant jusqu’à mettre en cause le fonctionnement de l’État et de ses institutions.
Cet ouvrage fait le choix d’aborder la question de la sorcellerie sur le terrain de la violence qu’elle engendre. La question de savoir si la violence sociale déployée autour de la sorcellerie est une forme de coercition (légitime) ou une forme de violence (illégitime) fait aujourd’hui débat dans la plupart des sociétés africaines. Pour tout le monde, la sorcellerie engendre la violence, que ce soit la violence du présumé sorcier qui se nourrirait de l’énergie vitale d’une personne, ou la violence des accusateurs, des pasteurs-prophètes, des forces de l’ordre ou de la vindicte populaire à l’encontre des accusés. Les hésitations des autorités pour juger de quel côté, de l’accusation ou de l’accusé, se situe la violence font écho au grand partage qui s’est établi depuis l’époque coloniale entre les croyances populaires à la sorcellerie et les jugements de Loi.
A partir d’études de terrain menées au cours de la dernière décennie, de manière comparative, dans plusieurs pays africains (République centrafricaine, Tchad, Cameroun, Gabon, République Démocratique du Congo, République du Congo, Mali), cet ouvrage rassemble les contributions d’anthropologues européens et africains, de juristes, magistrats et professeurs de droit, porteurs de réflexions communes sur les croyances génératrices de violences et les atteintes aux droits des personnes et des catégories vulnérables.
Bruno Martinelli est anthropologue, professeur à Aix-Marseille Université et membre du Centre d’études des mondes africains. Il est responsable, depuis 2010, du programme de l’Union européenne « Sorcellerie, violence et criminalité - Formation des magistrats centrafricains ».
Jacky Bouju est anthropologue, maître de conférences à Aix-Marseille Université et directeur adjoint du Centre d’études des mondes africains. De 2006 à 2010, il a dirigé le programme de l’ANR « Conflits et violences structurelles ordinaires dans huit villes africaines ».
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION.
La violence de la sorcellerie dans l’Afrique contemporaine
Bruno MARTINELLI et Jacky BOUJU
PREMIÈRE PARTIE
LES INSTITUTIONS ET LA SORCELLERIE
1. Justice, religion et sorcellerie en Centrafrique
Bruno MARTINELLI
2. D’un guérisseur à l’autre:diagnostic, délivrance et exorcisme à Bangui
Sandra FANCELLO
3. Être un danger, être en danger. Exclusion et solidarité dans un monde d’insécurité spirituelle
Filip DE BOECK
4. Fétichisme et sorcellerie. La «force» de mort du «pouvoir souverain moderne » en Afrique centrale.
Joseph TONDA
DEUXIÈME PARTIE
LA SORCELLERIE AU TRIBUNAL
5. Le magistrat et le sorcier. Les talimbi devant le tribunal centrafricain
Aleksandra CIMPRIČ
6. La sorcellerie au sein du prétoire en Centrafrique. Illustration d’une session criminelle
Gervais NGOVON
7. La sorcellerie et le droit moderne en République centrafricaine
Émile NDJAPOU
8. La sorcellerie au Congo. Mise en abîme des procès d’un ordre social injuste
Rémy BAZENGUISSAGANGA
TROISIÈME PARTIE
VIOLENCES SOCIALES ET SORCELLERIE
9. Violence et sorcellerie. Prolifération normative et incohérence statutaire à Kinshasa
Sylvie AYIMPAM
10. Du pouvoir des fétiches et de sa réversibilité. La violence de la lutte anti-sorcellerie chez les Banda de Centrafrique
Andrea CERIANA MAYNERI
11.D’une violence l’autre. Sorcellerie, blindage et lynchage au Gabon
Julien BONHOMME
12.«Attends!» ou la sorcellerie de la modernité. Les multinationales,le pétrole etle terrorisme au Tchad
Stephen P.REYNA
13. Un imaginaire qui tue. Réflexions sur sorcellerie, violence et pouvoir(Cameroun et Mali)
Roberto BENEDUCE
Fiche technique
- ISBN
- 9782811107604
- Date de parution
- 2012-11-16
- Nombre de pages
- 336
- Largeur
- 160 mm
- Hauteur
- 240 mm
- Editeur
- Karthala
Zone(s) géographique(s)
Thématique(s)
Collection
Vous aimerez aussi