Fragments d'une guerre inachevée. Les entrepreneurs taïwanais et la partition de la Chine
Auteur(s) :MENGIN
Résumé :
La République de Chine, repliée à Taiwan en 1949, a conservé une indépendance de fait. Mais les autorités communistes n’ont pas renoncé à réunifier formellement l’île à la Chine populaire.
La République de Chine, repliée à Taiwan en 1949, a conservé une indépendance de fait. Mais les autorités communistes n’ont pas renoncé à réunifier formellement l’île à la Chine populaire. Outre une pression militaire croissante, la politique irrédentiste de Pékin a tablé sur l’intégration économique entre les deux rives du détroit de Formose. Répondant aussitôt aux mesures préférentielles qui leur ont été offertes, les industriels insulaires ont opéré un vaste mouvement de délocalisation de leurs activités sur le continent. Fragments d’une nation déchirée par des revendications contradictoires, ces entrepreneurs sont les vecteurs d’une unité de la Chine imposée par le Parti communiste, voulue mais différée par le Parti nationaliste, rejetée par les partis indépendantistes taiwanais.
Dans cette guerre civile inachevée, les logiques sociales s’imbriquent au conflit de souveraineté. Les acteurs transnationaux ont pu s’affranchir d’une législation sécuritaire ou tirer parti des modes de gouvernement de la Chine des réformes pour reconfigurer, à terme, la scène démocratique taiwanaise et, par là même, les rapports entre Pékin et Taipei.
Dans son irréductible spécificité, la question de Taiwan éclaire le rapport de l’économique au politique : une opération fictive de dépolitisation a présidé à l’ouverture de la frontière sino-taiwanaise afin d’ajourner toute résolution du conflit de souveraineté. Renouvelant la sociologie et l’économie politique des relations internationales, l’auteur apporte un éclairage aigu sur l’un des différends territoriaux qui font de l’Asie orientale une zone de risques majeurs.
Françoise Mengin, directrice de recherche à Sciences Po (CERI), a consacré l’essentiel de ses travaux à la question de Taiwan dans son rapport à la formation de l’État dans le monde chinois. Elle a notamment publié Trajectoires chinoises : Taiwan, Hong Kong et Pékin (Karthala, 1998), et a dirigé Cyber China : Reshaping National Identities in the Age of Information (Palgrave Macmillan, 2004) et – en collaboration avec Jean-Louis Rocca – Politics in China : Moving Frontiers (Palgrave, 2002).
Table des matières
INTRODUCTION, Une autre histoire de la partition de la chine
I. GENESE D’UN ENTREPRENEURIAT INSULAIRE, PRODUIT CONTINGENT DE LA GUERRE CIVILE CHINOISE
1. Les mutations de la légitimité coloniale
Acte I–Les conférences interalliées (1943-1945) permutation des colonisateurs nippon et chinois
Acte II – Le massacre de 1947 : création ex nihilo d’un problème communiste
Acte III – Le déclenchement de la guerre de Corée (1950) : perpétuation d’une configuration coloniale
2. Une économie de guerre
Une idéologie anticapitaliste
Le chevauchement du civil et du militaire
Le dévoiement des réformes
Accaparements et prébendes
3. Les interstices du régime colonial
La figure du collaborateur et de l’intermédiaire
La double fragmentation du secteur productif
Les sites d’enrichissement : petit entrepreneuriat atomisé et factions locales prédatrices
II. UNE LOGIQUE THERMIDORIENNE : LA DEFAITE NATIONALISTE PAR SA VICTOIRE IDEOLOGIQUE
1. Le moment thermidorien nationaliste : l’économique pour relégitimer le politique (esquiver le politique I)
La délégitimation de la République de Chine
Vers un Etat développementaliste ?
Petit et grand capital familial : l’impasse sur la question sociale
2. Le moment thermidorien chinois : le découplage de l’économique et du politique (esquiver le politique II)
Le retour du capitalisme d’Etat
La colonisation intérieure de régimes dérogatoires au droit commun
3. La démocratisation taiwanaise visitée par la contrerévolution nationaliste
La décolonisation nationaliste
La collusion entre la politique et les affaires
La dialectique partisane
III. LES ENTREPRENEURS TAIWANAIS EN CHINE, TAISHANG (IN)DISCIPLINES PAR UNE FRONTIERE NON RECONNUE
1. L’affranchissement de l’industrie taiwanaise
Des PME aux industries de pointe : un legs de l’économie coloniale nationaliste
Le contournement d’une frontière non reconnue : esquiver le politique (III)
2. Investir les modes de gouvernement propres à la Chine des réformes
Exploiter la frontière
Entre vide juridique et mesures préférentielles
Collusion entre taishang et bureaucrates locaux
Esquiver le politique (IV)
3. Une population liminale
Etrangers ou chinois ? La production de différentiations socio-économiques
Les modes d’assujettissement au principe de l’unité de la Chine
IV. DU CAPITAL ECONOMIQUE AU CAPITAL HEGEMONIQUE : UN COLONIALISME DE LONGUE DISTANCE
1. La tension indépassable entre deux ordres normatifs
Le débat autour de l’ouverture de la frontière : une politisation de l’économique
Une dépolitisation du politique
2. Les acteurs de l’ouverture : dégouvernementalisation et politisation
L’impossible médiation des taishang (2000-2002)
De la privatisation fictive à la privatisation formelle des négociations bilatérales
La percée de la politique de Front uni
3. L’ouverture de la frontière : hégémonie et démocratie ..
De la politisation à la regouvernementalisation sans reconnaissance (esquiver le politique V)
Retour au politique : remise en cause de la souveraineté populaire et de l’Etat de droit
CONCLUSION, Du conflit de souveraineté au dissensus sur le politique en Chine
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
LEXIQUE
Ils en ont parlé :
"Voilà ce qu'on appellera un ouvrage de référence, recommandé sans réserve pour mieux comprendre l’irréductibilité à tout autre de la question de Taiwan et les voies uniques qui en préparent lentement pour l’heure une résolution retardée !"
Une recension rédigée par Michel Deverge pour l'Académie des sciences d'outre-mer
Fiche technique
- ISBN
- 9782811108526
- Date de parution
- 2013-02-01
- Nombre de pages
- 528
- Largeur
- 135 mm
- Hauteur
- 215 mm
- Editeur
- Karthala
Collection
Thématique(s)
Zone(s) géographique(s)
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