L'Arménie à l'épreuve du feu. Forger l'Etat à travers la guerre
Auteur(s) :PAPAZIAN
Résumé :
Le présent ouvrage démontre comment la guerre fournit contre toute attente des ressorts idéologiques, politiques et militaires favorables à la reconstruction de l’Etat arménien.
Le Haut-Karabakh est depuis plus de 25 ans l’objet d’un conflit armé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Situation étrange que celle de cette enclave à majorité arménienne placée en Azerbaïdjan par les premiers dirigeants soviétiques : véritable bombe à retardement, elle aura lancé la longue série des mouvements nationaux ébranlant l’URSS à la fin des années 1980. Mais tandis que l’URSS se décompose, la question du Karabakh explose.
Le présent ouvrage démontre comment la guerre fournit contre toute attente des ressorts idéologiques, politiques et militaires favorables à la reconstruction de l’Etat arménien. C’est paradoxalement au moment où le cessez-le-feu s’installe dans la durée, depuis le milieu des années 2000, que la pérennité de l’Etat arménien semble la plus sournoisement menacée. Dans la guerre ouverte comme dans l’absence de paix véritable, l’Arménie est soumise à l’épreuve du feu. Après avoir remporté la première manche, c’est désormais la consolidation de l’Etat dans sa dimension non plus guerrière mais de gouvernance qui sera le gage de son succès.
Le conflit du Karabakh et ses rapports intrinsèques avec les aléas de l’Etat arménien s’inscrivent dans l’histoire longue des nationalismes du sud de l’Europe depuis le début du vingtième siècle, à la croisée des intérêts des puissances européenne, américaine, russe et turque. Crise politique régionale aux implications internationales dont le règlement est perpétuellement différé, elle condense les enjeux géopolitiques contemporains de l’ancienne aire soviétique : grâce au conflit gelé du Haut-Karabakh, Moscou reste l’arbitre de la rivalité entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et, plus largement, maîtresse du jeu au Caucase du sud. Si le Haut-Karabakh se rattache aux conflits ethno-territoriaux légués par l’URSS, sa portée géostratégique est plus large : il est la clé d’un déblocage des relations géopolitiques entre les trois pays du Caucase du sud (Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan) et leurs partenaires internationaux : Union Européenne, Etats-Unis, Russie, Turquie et Iran.
Taline Papazian est docteure en science politique et chargée de cours à Sciences Po Paris. Outre l’espace post-soviétique contemporain, ses travaux portent également sur les usages de la violence armée dans les espaces impériaux ottomans et russes.
Table des matières
Préface
Remerciements
Introduction
Première partie : Le conflit du Karabakh : problème national, affaire d’État
1. La question du Haut-Karabakh, d’un syndrôme du nationalisme à la redéfinition politique de la nation
2. Violence physique et souveraineté politique : aux origines d’une filiation
3. Un État arménien indépendant, réponse à la question du Karabakh
L’État, aboutissement du mouvement du Karabakh
Stratégie de gouvernement et topoï nationaux : les ambiguités de l’État arménien
L’« État des Arméniens » (Hayots bédaganoutiun)
Refonder l’État, l’entreprise politique du MNA
Subordonner les questions nationales aux intérêts de l’État
La « normalité », sens contesté de la refondation de l’État
Idéologie et pratique de la « normalisation »
Nation-État, un rapport au cœur de nouveaux clivages idéologiques
Deuxième partie : La guerre et l’État
4. La guerre, épreuve de l’État arménien
Le contrôle des forces armées, enjeu de l’affirmation du nouvel ordre étatique
Les fonctions de l’État : assurer la sécurité à l’intérieur
En vue d’affronter l’hostilité extérieure
Du dire au faire : gagner du temps sur la guerre
Situation d’hostilité et décision de guerre : les difficultés d’une réalité politique
Au-delà des positions de principe, l’irréductibilité de l’ennemi ?
La guerre pour le Haut-Karabakh, épreuve de la souveraineté de l’État arménien
5. Faire la guerre, bâtir l’armée
Espace de la guerre et territoire de l’État
De l'autodéfense des volontaires à la guerre moderne : faire la guerre et construire l’armée
Les bases d’une armée régulière
Les officiers supérieurs de l’armée soviétique : l’expérience d’une tradition militaire d’État dans l’organisation de l’armée nationale
Le combattant volontaire, du défenseur de la liberté au contractuel d’État
Le financement de la contrainte : l’État en quête de ressources
La participation directe de l’État à l’effort de guerre
Effets sur l’État d’une quête de ressources pour la guerre
6. En l’absence de paix, « garder la poudre au sec »
Le renforcement de l’institution militaire, gage de l’État arménien
La guerre, l’armée et l’État
La conscription, problème exemplaire des forces et faiblesses de l’armée nationale
L’Armée, institution fédératrice de la société
La modernisation de l’armée en situation de ni guerre ni paix
Troisième partie : Trajectoire d’un État forgé dans le conflit
7. Contrainte et capital dans l’Arménie en conflit : entre implication et déresponsabilisation
Un capital longtemps au service de la contrainte
Le conflit du Karabakh, facteur du déséquilibre ou prétexte à l’immobilisme ?
8. Guerre et paix : pratiques de pouvoir et institutions républicaines
Le conflit du Karabakh, domaine réservé du pouvoir exécutif
La situation d’exception, révélatrice de la nécessité d’un pouvoir exécutif autonome
Le conflit du Karabakh, objet de lutte pour un monopole politique
Le conflit du Karabakh et la Constitution de la République d’Arménie
9. Des représentations conflictuelles de l’État arménien
Cause ou prétexte de la crise de 1997-1998
Clé de la normalité de l’État : Levon Ter Petrossian ou la conviction du libéralisme
Moteur d’un État-nation : Vazgen Sargsian du père de l’armée au chef de la nation
Sceptre du pouvoir : Robert Kotchorian de l’enclave assiégée à l’État forteresse
Ni sans, ni sens : Serge Sargsian, « le dernier des Mohicans » ?
Conclusion : La forge refroidie, l’État achevé ?
Annexes
Sources et bibliographie
Ils en ont parlé
Une présentation en anglais de l'ouvrage par Irina sur le site du programme de recherche européen CASCADE (novembre 2016)
"Le livre de Taline Papazian revient sur la difficile construction du jeune Etat arménien dans le cadre de la guerre du Karabagh. L'intérêt de son approche est qu'elle établit un lien de filiation entre violence physique et souveraineté politique. Un ouvrage d'une opiniâtre acuité qui enrichit une littérature scientifique encore embryonnaire sur la pensée stratégique arménienne contemporaine."
Un article de Tigrane Yégavian pour France-Arménie (décembre 2016)
Une interview de Taline Papazian par Elisabeth Baudourian pour Nouvelles d'Arménie Magazine (mai 2017)
Un article de Tigrane Yégavian pour Le Courrier d'Erevan (mars 2019)
Fiche technique
- ISBN
- 9782811115616
- Date de parution
- 2016-07-22
- Nombre de pages
- 320
- Largeur
- 160 mm
- Hauteur
- 240 mm
- Editeur
- Karthala
Collection
Thématique(s)
Zone(s) géographique(s)
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