Peindre pour agir. Muralisme et politique en Sardaigne
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Peindre pour agir. Muralisme et politique en Sardaigne

Auteur(s) :COZZOLINO

28,00 € TTC

Résumé :

Cet ouvrage retrace l’émergence d’une pratique de peinture murale à Orgosolo en Sardaigne et son évolution, à partir de la fin des années 1960 jusqu’à ses usages patrimoniaux et touristiques contemporains.

Format : Papier
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Cet ouvrage retrace l’émergence d’une pratique de peinture murale à Orgosolo en Sardaigne et son évolution, à partir de la fin des années 1960 jusqu’à ses usages patrimoniaux et touristiques contemporains. Situé au centre de l’île, près du massif du Supramonte, archétype d’une Sardaigne traditionnelle, ce village affiche aujourd’hui trois cents peintures murales, réalisées au départ par un enseignant de dessin et ses élèves puis lors de manifestations contestataires, à l’aide des villageois.

Cette « tradition récente » de peinture murale s’est désormais propagée à toute la Sardaigne, avec des usages divergents : tantôt moteur des politiques de développement patrimonial et touristique, tantôt manifestation d’un faire politique alternatif, témoignant de l’existence d’espaces de socialisation et de formes de résistance dans la continuité des pratiques graphiques militantes des années 1970.

L’auteure examine, sur quarante ans, les relations multiples et parfois intimes qui se sont nouées entre les habitants et ces peintures murales, et étudie comment s’est reconfiguré le monde social d’Orgosolo à partir de ces peintures murales qui construisent une ambiance graphique singulière. Ces murs affichent le portrait d’une société en changement. Ils peuvent apparaître tout autant comme le lieu d’une résistance acharnée des identités et des traditions, mais aussi l’endroit où s’exprime le débat relatif aux actualités et aux problèmes sociaux. Véritables dispositifs de maintien d’une société souvent qualifiée d’archaïque, mais aussi espaces hyperactifs d’expérimentation sociale, ces murs ne cessent de murmurer – et parfois de décrier – la fabrique du champ social.

Plus largement, le cas d’Orgosolo interroge l’impact des objets graphiques exposés dans un espace public. Dans quelle mesure interviennentils dans la construction des relations sociales ? Comment l’anthropologie peut-elle ouvrir de nouvelles perspectives sur le pouvoir d’action des images et de l’écriture ? C’est à ces questions que cette passionnante enquête ethnographique sur la peinture murale à Orgosolo apporte également des réponses.

Docteure en anthropologie sociale et culturelle, Francesca Cozzolino enseigne les sciences humaines et sociales à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD-PSL, Research University, Paris). Chercheuse à EnsadLab (Laboratoire de recherche en art et design de l’EnsAD) et membre affilié au Lesc (Laboratoire d’ethnologie et sociologie comparative de l’Université de Paris Ouest Nanterre La Défense), elle est spécialisée dans l’ethnographie des pratiques artistiques. Ses travaux de recherche se situent à la croisée de l’anthropologie de l’art, des études sur la culture matérielle et des visual studies.

Table des matières

Remerciements

Préface de Béatrice Fraenkel

Introduction

PREMIERE PARTIE : ACTIVER DES PRATIQUES GRAPHIQUES

Introduction

Chapitre 1 : Le grand récit des murales d’Orgosolo

Fiores in su granitu, 2014. Représenter l’histoire des murales

L’apparition et l’évolution d’une tradition du mur peint

Le Circolo Giovanile : l’atelier populaire d’Orgosolo

L’héritage des expériences de la contestation étudiante et des muralistes de l’Amérique Latine

Le rôle des enfants et des écoles

La diffusion et le développement du muralisme dans l’île

L’émergence d’un phénomène et sa reconnaissance intellectuelle

Chapitre 2 : Actes iconiques, des images comme acteurs d’histoire ?

Au-delà de la représentation. Pour une approche relationnelle de l’image

Une histoire marquée par la résistance et l’esprit de révolte

Une image anhistorique : la figure du berger

Du criminel à Robin des bois : la figure du bandit

L’apparition d’une figure de la modernité : le militant internationaliste

Un répertoire iconographique construit entre tradition et actualité politique

Questions de style et de forme

Véhiculer l’histoire : du village des bergers au village des peintres révolutionnaires

Chapitre 3 : Actes graphiques. Quand l’écrit produit le contexte

Approches théoriques des écritures urbaines

Mettre en scène l’écriture

Des chaînes d’écriture : tracts, affiches, fresques

Logiques scripturales

Le « nous » s’affiche

Ne pas signer, une posture contre le monde de l’art ?

L’orgolese, un choix linguistique militant ?

Ce que disent les écrits. Des énoncés performatifs ?

Façonner l’ambiance graphique : l’efficacité des écrits des murales d’Orgosolo

Conclusion

Les murales : une forme de « folklore progressiste »

 

DEUXIEME PARTIE : FABRIQUER DES LOGIQUES SOCIALES

Introduction

Chapitre 4 : L’esprit du lieu : usages et fonctions des murales

L’espace géographique : une ruralité singulière

L’espace graphique : fresques, graffitis, signalétique et enseignes peintes

L’espace juridique : police de l’écriture et conventions tacites

L’espace re-socialisé par la peinture

L’espace politisé : entre opinion publique et expression politique

L’espace parcouru : déambuler dans une mémoire publique

L’espace vécu : localiser des souvenirs

L’espace pédagogique : peindre pour écrire l’histoire

L’espace « publicitaire » : les murales une forme de marque territoriale ?

Chapitre 5 : L’esprit du temps : controverses et résistances à la fabrique patrimoniale

La fresque des Français : partager ou imposer une tradition

Cadre normatif et résistances

S’agit-il d’art ou pas ? Conflits de légitimité

Artification et oppositions du monde de l’art

L’adaptation au marché touristique : vendre une tradition

Délocaliser une tradition, fabriquer l’authenticité

Les politiques publiques promotrices de patrimonialisation : de la mise en fiche des murales à leur exposition

Exposer un patrimoine qui fait débat. Le musée « Radichinas »

Émotions patrimoniales et politiques de la mémoire

Conclusion

Les murales, une forme d’engagement dans la cité

Bibliographie

Ils en ont parlé

Une recension en italien par Franco Zecchin dans la revue Annuac (décembre 2017)

"Jusqu’à la dernière ligne, l’analyse va crescendo, conceptualise, exprime de nouveaux faits, pense le sujet dans une perpétuelle évolution, non pas parce que de nouveaux murales sont exécutés mais parce que les regards qui leur sont portés se diversifient sans cesse. En définitive, les murales comptent moins que la mémoire des pratiques de lutte dont les villageois ne veulent pas être spoliés. En cela, le sujet est heuristiquement fécond. Les habitants d’Orgosolo sont plutôt dans le présentisme, dans ce qui permet aujourd’hui d’activer leur mémoire collective. Un musée les renverrait dans le passé alors que la « murale des murales » revivifie leur mémoire."
Un compte-rendu par Philippe Hameau dans la revue Ethnologie française n°170 pp.368-370 (2018)

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Fiche technique

ISBN
9782811117191
Date de parution
2017-04-10
Nombre de pages
304
Largeur
160 mm
Hauteur
240 mm
Editeur
Karthala

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