Les Hussards noirs de la colonie. Instituteurs africaines et "petites patries" en AOF (1913-1960)
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Les Hussards noirs de la colonie. Instituteurs africains et "petites patries" en AOF (1913-1960)

Auteur(s) :LABRUNE-BADIANE Céline et SMITH Etienne

31,00 € TTC

Résumé :

Première exploration systématique du corpus des publications des instituteurs ouest-africains, ce livre pionnier offre un aperçu inédit de la « bibliothèque coloniale ».

Format : Papier
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Disponible

En Afrique Occidentale Française (AOF), l’école coloniale a tenté de justifier sa mission par l’adaptation de son enseignement aux nouvelles « petites patries » de l’empire, selon la terminologie de la IIIe République. La création de savoirs « adaptés » ne s’est pas faite en un jour. La tâche en incombait aux instituteurs, en majorité africains, et devenus les principaux ethnographes des terroirs arpentés dans le cadre de la « mise en valeur scientifique » des colonies. Ceux-ci ne furent pas de simples informateurs ou auxiliaires des sciences coloniales. Ils ont mené leurs propres recherches et fait oeuvre d’auteurs à part entière. Ils ont ainsi jeté les bases d’une affirmation culturelle, concomitante de la négritude parisienne, mais ancrée dans une « négritude de terrain », profondément ambivalente. Leur prise de parole était en effet soumise à la censure tatillonne de la hiérarchie administrative, dont le livre retrouve la trace dans les archives. Il démontre ainsi comment se négocie, au fil des pages, une transaction hégémonique impériale.

Première exploration systématique du corpus des publications des instituteurs ouest-africains, ce livre pionnier offre un aperçu inédit de la « bibliothèque coloniale ». Il bouleverse notre compréhension du fait impérial, et met au centre de l’analyse une catégorie d’acteurs intermédiaires en les reconnaissant pour ce qu’ils ont été : de vrais intellectuels, au coeur des contradictions de leur époque.

Céline Labrune-Badiane est historienne, associée au laboratoire AIHPGEODE de l’Université des Antilles.

Étienne Smith est politiste, chercheur associé à SciencesPo-CERI. Il est l’auteur de Afrique : histoire et défis (Ellipses, 2009).

Table des matières

Introduction. La part africaine de la « bibliothèque coloniale »

L’école coloniale et ses instituteurs en AOF

Les intermédiaires africains dans la production des savoirs en contexte colonial

La prise de parole : histoire intellectuelle et espace public en AOF

Des savoirs minorés ? Des savoirs entachés ? Des savoirs oubliés ?

Une « littérature d’instituteurs »

Une littérature idéologiquement compromise ?

Une littérature périphérique ?

Notre corpus et ses limites

Question de méthode : comment lire ces textes ?

Plan de l’ouvrage

 

CHAPITRE 1. ADAPTER LENSEIGNEMENT. LÉCOLE COLONIALE ET LES « PETITES PATRIES »

I. L’adaptation : une logique pédagogique évolutive de la métropole à l’AOF

Exporter les « petites patries » ?

L’adaptation au service de la « conquête morale »

Le tournant des années 1930

« Nos ancêtres les Gaulois »

L’AOF et ses « petites patries » : un laboratoire ?

La promotion d’une culture « franco-africaine » à l’ENWP et l’émergence d’un théâtre scolaire franco-africain

II. L’enseignement du milieu local : aperçus disciplinaires

Histoire et géographie : la vision des vainqueurs

Des manuels pour l’enseignement de la géographie et de l’histoire locales

Le folklore dans la classe : pédagogie, morale et enracinement

Des intentions aux pratiques, du Bulletin à la salle de classe

III. Quand les traditionalistes se rencontrent : Vichy ou le stade suprême de l’adaptation ?

 

CHAPITRE 2. SUBALTERNESMAIS INCONTOURNABLES : LES INSTITUTEURS AU COEUR DE LA PRODUCTION DES SAVOIRS

I. Le BEAOF : un instrument au service des sciences coloniales

La recherche en AOF

Les premiers temps de l’institutionnalisation de la recherche entre AOF et métropole

De la « mise en valeur scientifique » de l’AOF à la création de l’IFAN

Le rôle du BEAOF dans la constitution d’une banque de données sur l’AOF

Une fonction patrimoniale : archiver le passé et le présent

La contribution du BEAOF à la « mise en valeur » économique de l’AOF

Pénétrer les “mentalités indigènes”

II. Les instituteurs africains, « piliers cachés » de la recherche

Un rôle circonscrit, mais incontournable

Les instituteurs-ethnographes comme « vitrine » et gages d’authenticité

Encourager et orienter la participation

Les registres de la justification
Des autodidactes ? L’élaboration progressive des méthodes

Vers une ethnographie scolaire ? L’initiation à l’étude du milieu local à l’Ecole normale William Ponty à partir des années 1930

III. De l’enquête à l’oeuvre, de l’informateur à l’auteur : au-delà des « auxiliaires » ?

Un rôle « modeste » ?

Une recherche au long cours pour une identité d’auteur sur la durée ?

Des ressources limitées : quels moyens pour la recherche ?

 

CHAPITRE 3. DES SAVOIRS CRITIQUES À LA CRITIQUE DES SAVOIRS ? LA CO-PRODUCTION DES SAVOIRS EN DÉBAT

I. Des savoirs sous contrôle

Evaluation, sélection, censure

Critères de sélection pour les prix scientifiques d’AOF

Une critique sous contrôle : édition ou réécriture des textes ?

II. Sources, styles et méthodes en débat

La prudence méthodologique

Les méthodes de l’histoire en débat

La concurrence dans la production des savoirs

Une question de confiance

La dépendance aux sources ?

Jeux d’échelles et comparaison des terroirs : au-delà d’un simple savoir local ?

Ethnographie du milieu « traditionnel » ou sociologie de la situation coloniale ?

Ethnologie ou littérature ?

Le théâtre à Ponty : audaces ou conformisme formel ?

III. L’affirmation de savoirs critiques : Quand « le lapin devient braconnier » ?

Vers une critique de l’essentialisme ethnologique

La critique réciproque : vers un dialogue entre pairs ?
 

 

CHAPITRE 4. SOCIÉTÉS AFRICAINES ET PROJETS COLONIAUX EN DÉBAT

I. L’esprit de mission à l’épreuve du terrain ethnographique

La « mission civilisatrice » prise au mot : discours apologétiques ou l’art du CQFD

Critique sociale et volonté réformatrice

Vers un féminisme d’instituteurs ou patriarcat franco-africain renouvelé ?

Ni table rase, ni immobilisme : réhabilitations pragmatiques

Mission accomplie ? : l’appréciation des correcteurs

Le rapport ethnographique entre distanciation et empathie

Savoir externe, savoir interne ?

Le retournement du stigmate ? Inverser les valences de la psychologie des races

L’idéal du gouvernement indirect

« Non, mon commandant ! »

II. La fin des terroirs ou l’avènement des « petites patries » d’AOF

« Nos ancêtres les vaincus » : histoire officielle ou « visions des vaincus » ?

« Things fall apart » et crépuscule des temps anciens. Répertoires  de la nostalgie

Sur la piste des « vrais Africains »

Le déracinement, voilà l’ennemi !

« Petites patries » d’AOF et « régionalisme africain »

 

CHAPITRE 5. HEURS ETMALHEURS DE LENTRE-DEUX

I. Habiter l’entre-deux : la « juste distance » ou l’acculturation en boomerang

II. Théoriser l’entre-deux : la culture franco-africaine en débat (1937-1945)

Quelle école pour l’AOF ?

Le Congrès sur l’évolution culturelle des peuples coloniaux (1937)

Renouveau de la propagande sous Vichy : la participation des « évolués »
La controverse dans Dakar-jeunes (1942) : « discussions byzantines » ou la mondialisation culturelle en débat ?

Le théâtre de Ponty : « spectacle procolonial » ou « prémisse du nationalisme culturel » ?

Assimilation culturelle et assimilation politique : le refus des conditionnalités

De l’affirmation culturelle au proto-nationalisme ?

III. Réformer l’éducation africaine

Le paternalisme scolaire sous le feu de la critique : contre l’éducation en « vase clos »

Le grand désenchantement des maîtres : la crise de la vocation d’instituteur vue par les Pontins en 1944

Vivre en gueux ?

L’impérieuse nécessité : réformer l’école d’AOF

 

CHAPITRE 6. L’« HUMANISME COLONIAL » EST-IL SOLUBLE DANS LE COLONIALISME TARDIF ? (1945-1959) 

I. Assimilation, adaptation : les nouveaux enjeux d’un vieux débat

La « décolonisation de l’éducation »? Réorganisation et développement de l’enseignement

La continuité de l’adaptation sous un nouveau jour ?

Le primat inchangé du local et du rural dans l’enseignement primaire ?

II. Du colonial à l’interculturel : un savoir-faire franco-africain de l’adaptation ?

De l’AOF à l’UNESCO : trajectoires du culturalisme colonial

La promotion de l’éducation de base

III. Professionnalisation de la recherche et marginalisation des pionniers

Vers une nouvelle division du travail scientifique : la difficile mutation en professionnels de la recherche

L’Education africaine : une revue en voie de marginalisation ?

Un legs scientifique non négligeable
L’ultime tentative de mainmise de l’administration coloniale sur les pratiques culturelles des « évolués » : les centres culturels en AOF

Des intellectuels engagés

Conclusion

Ils en ont parlé

Céline Labrune-Badiane, résidente à l'Institut d'études avancées de Nantes, et Etienne Smith, maître de conférences à Sciences Po Bordeaux, répondent aux questions de Magali Lagrange sur RFI (juin 2018)

Une recension dans The Conversation (juin 2018)

Une interview des auteurs dans le journal Afrique de TV5 Monde (à partir de 17 minutes 53 - juillet 2018)

"Les chercheurs Etienne Smith et Céline Labrune-Badiane reviennent dans The Conversation sur l'importance du travail des instituteurs d'Afrique de l'Ouest, leur enseignement et leur empreinte dans la société de la première moitié du XXe siècle."
Un article de Catherine Le Brech pour France TV Info (juillet 2018)

"Un ouvrage de grande qualité et passionnant."
Un compte-rendu de Christiane Peyronnard pour La Cliothèque (novembre 2018)

"Fruit de dix années de recherches, ce livre démontre de façon magistrale toute la complexité de la situation coloniale."
Une recension dans L'Histoire (janvier 2019)

Une interview de Céline Labrune Badiane dans Le Cours de l'Histoire de Xavier Mauduit sur France culture (02/11/2020)

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Fiche technique

ISBN
9782811119171
Date de parution
2018-05-16
Nombre de pages
708
Largeur
135 mm
Hauteur
215 mm
Editeur
Karthala

Zone(s) géographique(s)

Afrique

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