

Auteur(s) :MASSICARD
Résumé :
Fondée sur une longue expérience de terrain et une riche enquête quasi ethnographique, cette analyse de l’État «par le bas», au niveau local et au quotidien, éclaire d’un jour nouveau la centralisation de l’exercice du pouvoir et la politisation intense de la société qui ont caractérisé l’évolution de la Turquie ces dernières années.
Les maires de quartier, figures d’intermédiation administrative et politique, offrent une perspective originale sur les dynamiques de pouvoir à l’œuvre en Turquie. L’État turc, réputé fort et volontariste, est en réalité aux prises avec de multiples logiques sociales avec lesquelles il doit composer. Les problématiques de la modernisation et de la bureaucratisation, qui fournissent souvent le fil conducteur de l’histoire contemporaine du pays, s’en trouvent relativisées. En outre, la rationalisation croissante des pratiques de gouvernement – comme l’usage de bases de données – s’articule avec d’autres formes de domination, moins formelles et plus personnelles, qui ouvrent la porte à des négociations voire à des contournements auxquels les citoyens, aussi modestes soient-ils, recourent massivement.
Fondée sur une longue expérience de terrain et une riche enquête quasi ethnographique, cette analyse de l’État «par le bas», au niveau local et au quotidien, éclaire d’un jour nouveau la centralisation de l’exercice du pouvoir et la politisation intense de la société qui ont caractérisé l’évolution de la Turquie ces dernières années. Elle renouvelle la compréhension des situations autoritaires et des relations État-société bien au-delà du cas qu’elle considère.
Élise Massicard est directrice de recherche au CNRS (SciencesPo-CERI). Ses travaux portent sur la sociologie politique et religieuse de la Turquie. Elle a notamment publié The Alevis in Turkey and Europe (Routledge, 2012), et a co-dirigé, avec Marc Aymes et Benjamin Gourisse, L’Art de l’État en Turquie (Karthala, 2013).
INTRODUCTION
Un objet hybride
D’une sociologie de l’Etat à une interrogation en termes de gouvernement
Une approche par le quotidien et par le bas
La sociologie d’un métier politique
Une approche par les prises de rôle des acteurs
Une figure peu étudiée
Méthodologie
PREMIÈRE PARTIE : UNE INSTITUTION HYBRIDE ET ANCRÉE
1. Formation et trajectoires d’une institution « intermédiaire »
La formation d’une institution nouvelle
Une institution hybride, un statut ambigu
Une mainmise partisane en déclin
2. Une emprise institutionnelle partielle
L’exclusion des circuits décisionnels
La faiblesse des moyens
La dépendance envers d’autres revenus
3. La production institutionnelle des notables
Les ressources mobilisées pour l’élection
Rassembler des soutiens : les bases collectives de mobilisation
La consolidation élective : longévité et prime au sortant
L’intermédiaire institutionnalisé
DEUXIÈME PARTIE : UNE INSTITUTION FAMILIERE A L’HEURE DES BASES DE DONNEES
4. La fin du gouvernement par la proximité ? La reconfiguration du rôle des muhtar
La fragilisation du rôle de garant
Des formes de complémentarité
5. Une institution familière et accessible
Une institution familière
Des interactions en partie bureaucratiques
Des usages extensifs
Des usages sociaux différenciés
6. Un métier en tension, une image de défenseur des habitants
Afficher son dévouement au service des habitants
Entre logiques ascendantes et descendantes, des arbitrages complexes
TROISIÈME PARTIE : DES EFFETS POLITIQUES AMBIVALENTS ET CONTRASTES
7. Faire accepter, aménager, désobjectiver l’ordre officiel
L’étatisation de la société
Aménager l’ordre institutionnel
8. Des prises de rôle différenciées en contexte
Différentes manières d’être muhtar
Replacer l’échange dans une relation politique plus large
QUATRIÈME PARTIE : LA PERTE D’AUTONOMIE DE L’ECHELLE MICRO-LOCALE
9. Ménager et aménager des univers de contrainte
L’importance des relations avec les autorités
Gérer les liens institutionnels : techniques et manières de faire
Une dimension partisane de plus en plus prégnante
10. La perte d’autonomie du muhtarlık
Le réinvestissement du local par les autorités municipales
La reconfiguration des clivages par la transformation urbaine
Le réinvestissement par le pouvoir central
CONCLUSION
L’Etat turc est-il vraiment hétéronome ?
La fragmentation des modes de gouvernement
Annexe
Les muhtar étudiés
Fiche technique
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