La fabrique coloniale du citoyen. Algérie, Nouvelle-Calédonie
Auteur(s) :de Mari Eric et Savarese Eric (dir.)
Résumé :
Si l’exclusion des indigènes de la participation politique dans le monde colonial est aujourd’hui largement connue et expliquée, nous en savons par contre bien moins sur l’accession des populations issues du peuplement des colonies au statut de citoyens, et dans quels contextes et conditions, ils ont su développer un sentiment d’appartenance à l’État-nation, fût-il colonial.
Si l’exclusion des indigènes de la participation politique dans le monde colonial est aujourd’hui largement connue et expliquée, nous en savons par contre bien moins sur l’accession des populations issues du peuplement des colonies au statut de citoyens, et dans quels contextes et conditions, ils ont su développer un sentiment d’appartenance à l’État-nation, fût-il colonial. C’est cet angle-mort de la connaissance sur l’époque coloniale que cet ouvrage prétend éclairer.
Comprendre, à partir des deux cas exemplaires de colonies de peuplement françaises que furent l’Algérie et la Nouvelle-Calédonie, comment les Français d’Algérie et les Caldoches sont devenus citoyens. Pour cela, cette étude revient sur les classifications juridiques produites au sein de l’État colonisateur (ethniques ou confessionnelles) et réfléchit à leurs sens pour identifier les populations. Cette démarche implique de repenser la sociologie historique de la citoyenneté en contexte colonial. En effet, tandis qu’en métropole l’apprentissage de la citoyenneté repose sur la promotion d’une participation politique individuelle, libre, éclairée et coupée des solidarités locales, sur le terrain algérien ou néocalédonien, les Français citoyens accèdent à la participation politique par le biais de leur appartenance à des groupes particularisés, et en concurrence avec d’autres dans des sociétés largement ethnicisées et/ou racialisées.
Dans ces conditions, si le projet des colonies de peuplement reste la dissolution de la question indigène, le passage à la modernité politique et à la citoyenneté électorale s’y réalise loin de l’universalisme et de l’individualisme républicain valorisés en métropole. L’apport de ce livre est de mettre en exergue ces évolutions paradoxales de la « fabrique coloniale du citoyen » par rapport à celle de la métropole.
Éric de Mari est professeur d’histoire du droit à l’Université de Montpellier, faculté de droit et de science politique, et directeur du laboratoire Dynamiques du droit (UMR 5815). Il est directeur du groupe d’Histoire du Droit des Colonies (HDC) et président de l’Association Française du Droit des Colonies (AFDC). Éric Savarese est professeur de science politique à l’Université de Montpellier, chercheur au CEPEL (UMR 5112), responsable pédagogique du Master 1 de science politique, et président de la section de science politique à la faculté de droit et de science politique. Ont également contibué à cet ouvrage : Chantal Bordes-Benayoun, Emmanuelle Comtat, Olivier Devaux, Martine Fabre, Pierre-Jean Le Foll-Luciani, Jean-Robert Henry, Éric Soriano, Benoît Trépied, Anne Ulrich-Girollet.
Table des matières:
Introduction. La citoyenneté dans les colonies de peuplement
Algérie, Nouvelle-Calédonie
par Éric Savarese
première partie
Citoyenneté et classifications coloniales
1. La citoyenneté française dans les colonies
par Olivier Devaux
2. L’invention d’une citoyenneté coloniale au miroir du colonisé en Algérie. Petite histoire d’une didactique identitaire
par Jean-Robert Henry
3. La citoyenneté aux colonies, un concept protéiforme
par Martine Fabre
deuxième partie
La citoyenneté comme enjeu de luttes politiques
4. Le jeu des droits indigènes. Des « B lancs » pour une
citoyenneté indigène dans la Nouvelle-Calédonie de l’après
indigénat (1948-1963)
par Éric Soriano
5. Les actions judéo-musulmanes pour une réforme de la
citoyenneté en Algérie. Du Front Populaire au Manifeste
du peuple algérien (1936-1943)
par Jean-Pierre Le Foll-Luciani
6. La dialectique nationalité/citoyenneté. Le cas de l’Algérie (xixe-xxe siècle)
par Anne Ulrich-Giroll
7. Variations identitaires des juifs d’Algérie après la décolonisation
par Chantal Bordes-Benayoun
troisième partie
La citoyenneté électorale en contexte colonial
8. Les rétributions politiques du crédit en Nouvelle-Calédonie coloniale
par Benoît Trépied
9. Les Français d’Algérie : une participation électorale exemplaire en contexte colonial ?
par Emmanuelle Comtat
10. L’antisémitisme comme facteur de mobilisation électorale
par Éric Savarese
Conclusion
par Éric de Mari
Fiche technique
- ISBN
- 9782811125820
- Date de parution
- 2019-07-17
- Nombre de pages
- 194
- Largeur
- 160 mm
- Hauteur
- 240 mm
- Editeur
- Karthala
Collection
Thématique(s)
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