

Auteur(s) :SCALETTARIS
Résumé :
Cet ouvrage propose une anthropologie politique du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR). Agence onusienne ayant pour mission de veiller sur la prise en charge des réfugiés, le HCR est présent dans plus de 130 pays et s’occupe de quelque 80 millions de personnes.
Cet ouvrage propose une anthropologie politique du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR). Agence onusienne ayant pour mission de veiller sur la prise en charge des réfugiés, le HCR est présent dans plus de 130 pays et s’occupe de quelque 80 millions de personnes. En emmenant le lecteur à travers les bureaux chargés du dossier afghan, au cours des années 2000, à Genève comme à Kaboul, l’auteure donne à voir le fonctionnement interne de cette organisation internationale : comment se déploie-t-elle à travers le monde ? Qui sont ses agents ? Comment le HCR exerce-t-il son pouvoir ?
Ce livre montre également que la vision du monde nationale et étatocentrée de l’organisation l’amène en pratique à participer à des mécanismes de sédentarisation et d’illégalisation des personnes déplacées. Il met ainsi en lumière une impasse majeure de l’action contemporaine du HCR : l’agence s’efforce d’établir un type d’ordre – sédentaire et centré sur l’État-nation – qui est en fait à l’origine du « problème » qu’elle a pour mission de résoudre.
En étudiant la prise en charge d’une population de réfugiés emblématique à partir d’un positionnement original, l’auteure, à la fois fonctionnaire de l’agence et anthropologue, mène un travail fin et ambitieux, qui articule plusieurs niveaux d’analyse : la micropolitique des pratiques, l’institution HCR et les rapports de pouvoir multi-scalaires qui façonnent son environnement.
Giulia Scalettaris est maîtresse de conférences en science politique à l’Université de Lille. Elle travaille sur les politiques internationales d’asile, sur la base d’enquêtes ethnographiques au sein des institutions et aux interfaces institutionnelles. Parallèlement à son expérience universitaire, elle a collaboré avec plusieurs organisations internationales et ONG.
Table des matières
Remerciements
Sigles et abréviations
Introduction
1. Une bureaugraphie embarquée
Renouveau et défis des études sur les organisations internationales
Le HCR comme objet d’enquête : dés-instituer l’organisation
Construire son enquête au sein d’une bureaucratie éclatée
De l’observation localisée à une réflexion englobante
L’ethnographe embarquée et l’épistémè institutionnelle
2. Le « problème des réfugiés » à l’épreuve des mobilités afghanes
Les réfugiés : déplacés au sein de l’ordre national
Le décalage entre le « problème des réfugiés » et le phénomène des mobilités afghanes
« Vers des solutions compréhensives »
Un projet novateur
Les conditions d’émergence du projet ACSU
3. Cartographie d’un déploiement diffus
Un déploiement étato-centré
Verticalité supranationale, englobement planétaire
Un archipel de bureaux
Le field (terrain)
Le HCR face à la shura
L’Afghanistan hors de portée
Un dispositif diffus
4. La carrière institutionnelle du projet ACSU
Une approche contestée
Le roulement du personnel
Le briefing kit et autres outils de lisibilité standardisés
À la tête de l’« opération afghane »
Le front régional
Le HCR comme arène bureaucratique
5. Le cosmopolitisme étriqué du personnel expatrié
La mobilité et le terrain, expériences fondatrices
Le HCR, pivot d’une vie en rotation
Coulisses internationales, scène nationale
Le monde cloîtré des expatriés à Kaboul
Vie sociale dans l’entre-soi
Une appréhension dépolitisée du contexte afghan
Un cosmopolitisme interétatique et étriqué
6. Le personnel afghan, courtier de l’intervention
Le fossé entre personnels expatrié et afghan
Quels « locaux » ?
Un emploi qui ouvre des portes
Combler l’écart entre univers éloignés
Courtiers de l’intervention
7. Réfugiés ou migrants ? Le tri des non-nationaux
Le HCR et l’étiquette de « réfugié »
Le statut des Afghans en Iran (1979-2001)
Le verrou de la souveraineté iranienne (2001-2008)
Qui sont les « réfugiés afghans en Iran » ?
Un régime préférentiel
Un accès différentiel à la mobilité légitime
Originalité et limites du projet ACSU
8. Le HCR face à la souveraineté de l’État pakistanais
L’économie du rapatriement
Une armature de principes (et les limites des approches normatives)
Kaboul et Islamabad : deux points de vue inconciliables
Les armes du HCR
Un été dans l’attente
Prise de parole
La production bureaucratique du « caractère volontaire du retour »
Les contraintes qui pèsent sur la bureaucratie du HCR
Le HCR et le ré-emplacement des réfugiés afghans en Afghanistan
9. Redresser l’État afghan, emplacer les rapatriés
Réintégrer les rapatriés sans terre
Un État-nation libéral-démocratique en chantier
Redresser le ministère des Réfugiés
Extraversion et normalisation : un projet hégémonique
La méconnaissance de la culture politique locale
Violence et utopie de l’emplacement
10. L’autorité de l’expertise
Le pouvoir de cadrer les regards sur les migrations
Le discours comme arme
Aux sources de l’autorité des récits du HCR
Les rapports du HCR avec le monde académique
La naturalisation de l’ordre national
L’holisme circonscrit du projet ACSU
L’économie interne des politiques du HCR
11. Surveiller pour protéger… ou protéger pour surveiller ?
Le HCR et la surveillance administrative des non-nationaux
Une population illisible
Le recensement des Afghans au Pakistan
La maîtrise des retours
La maîtrise des mobilités préconisée par le projet ACSU
L’instauration de l’ordre national
La mise à l’écart par le ré-emplacement et l’illégalisation
La sphère non étatique comme refuge
Conclusion
Glossaire
Bibliographie
Table des figures
Fiche technique
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