L'institution missionnaire en Asie (XIXe-XXe siècles). Le Collège général de Penang : un creuset catholique à l'époque coloniale

L’on pourrait s’étonner qu’un titre aussi général: « l’Institution missionnaire en Asie, XIXe-XXe siècle », ait été donné à un ouvrage – fondé sur des archives inédites –, ne traitant à première vue que de l’histoire d’un établissement particulier. C’est d’abord parce que le Collège général de Penang, séminaire unique en son genre, accueillait des élèves venus de l’Asie du sud-est tout entière. Ensuite, parce que le futur clergé indigène y recevait un enseignement général et théologique de haute tenue, dispensé en latin par des professeurs français, sous le regard sourcilleux de la puissante Propaganda fide (la très romaine Congrégation pour la propagation de la foi). Une institution mondialisée en somme…

Or, le voyage auquel le lecteur est ici convié l’entraînera bien plus loin. Il accompagnera, dans leur périple souvent périlleux vers l’Asie, de jeunes missionnaires remplis d’idéal. Il partagera leur vie quotidienne parsemée d’épisodes parfois rocambolesques ou tragiques, (notamment pendant l’occupation japonaise de la Malaisie à partir de 1941). Il sera témoin des débats les plus subtils quant à l’éducation des élèves asiatiques. Il verra à l’oeuvre la diplomatie centralisatrice du Vatican et celle des puissances coloniales. Il observera les transformations des comportements et de la sensibilité de prêtres catholiques français, depuis la période postrévolutionnaire jusqu’à Vatican II.

Histoire des échanges interculturels et des acculturations réciproques, ce livre apporte sa contribution à l’intelligence des relations actuelles entre les chrétiens d’Europe et d’Asie.

Bernard Patary est né le 8 décembre 1960 à Paris, d’un père ingénieur, Jean, et d’une mère professeur de lettres classiques, Jacqueline, tous deux originaires du Bourbonnais (Montluçon). Il enseigne actuellement l’histoire-géographie à Paris, au lycée Paul Claudel. En 1998, il fit la connaissance du père Gérard Moussay, ancien missionnaire au Vietnam puis en Indonésie, linguiste et anthropologue, alors archiviste des Missions Étrangères. De cette belle rencontre surgit un projet de recherches qui, après bien des heures passées dans la petite salle de consultation des archives des MEP et un voyage en Malaisie riche en trouvailles fortuites, donna naissance à une thèse de doctorat d’histoire soutenue à Lyon II et, quelques années plus tard, à ce livre des éditions Karthala.

Table des matières

I. Histoire d’un institut missionnaire en Asie

1. Les origines du Collège général (1664-1807)

2. Penang, refondation et croissance (1808-1894)

3. Le Collège général du clergé indigène (1895-1945)

4. Vers le séminaire diocésain de Penang (1946-1968)

II. Vivre au Collège général

5. Administrer : règles et coutumes

6. Les élèves : nombres, origines et destins

7. Les missionnaires : supérieurs et directeurs

8. Le spirituel : rites et dévotions

9. Le corps : nourriture, hygiène, présentation de soi, santé

10. Plantatio Ecclesiae : bâtir

11. Finances : procureurs et bienfaiteurs

12. Plantatio Ecclesiae : faire-valoir

III. Former un clergé indigène

13. Clergé indigène ou clergé supplétif ?

14. L’indigène : nature ou culture ?

15. Huis clos

16. Édifiante éducation

17. De l’étude : latin et langues vernaculaires

18. De l’étude : théologie et sciences naturelles

19. Le bon grain et l’ivraie

IV. Homo apostolicus : universel, indigène

20. Imitatio

21. Le martyre retrouvé

22. Le prêtre Kô et le prêtre Sî

23. Ars moriendi

24. Un type-idéal

Conclusion

Ils en ont parlé

"Le livre est une thèse, exemplaire quant à la méthode, aux sources et à leur mise en oeuvre, sur une institution des Missions étrangères de Paris, le Collège général de Penang, installé dans une île de Malaisie sous domination britannique et fonctionnant jusqu’au Concile de Vatican II. Or, c’est là le talent de l’auteur : à travers la vie d’une institution particulière, montrer qu’elle est au coeur du rayonnement du catholicisme missionnaire post tridentin et qu’elle est conçue comme telle pour la formation du Clergé autochtone, dans une aire allant des Philippines et de la Chine méridionale aux péninsules indochinoise et malaise, jusqu’à l’Indonésie, passant donc par le Vietnam, le Siam, la Birmanie ; il s’agit bien du Sud-Est asiatique à l’époque coloniale."
Une recension de Philippe Bonnichon pour l'Académie des Sciences d'Outre-Mer (juin 2017)