Gouverner dans la violence. Le paramilitarisme en Colombie
Auteur(s) :GRAJALES
Résumé :
Alors que la violence est généralement vue comme la cause de la faillite des États dans les pays du Sud, cet ouvrage propose une approche sociologique non normative des rapports entre la violence et le politique.
Entre le début des années 1980 et le milieu des années 2000, des groupes paramilitaires ont développé leur emprise sur de larges pans du territoire colombien. Apparus à la confluence de la criminalité et de la contre-insurrection, ils ont entretenu des liens forts avec les milieux de la politique et de l’économie, légale comme illégale.
Malgré cette domination institutionnelle et armée, leur déclin a été rapide. Après leur démobilisation partielle entre 2003 et 2006, et à la suite de la crise majeure qu’ont déclenchée les révélations relatives à leurs alliances politiques, la majorité de leurs leaders ont été extradés aux États-Unis, où ils ont dû faire face à des accusations de trafic de narcotiques. Eux qui se voulaient bandits politiques ont finalement été traités en simples trafiquants de drogue.
Alors que la violence est généralement vue comme la cause de la faillite des États dans les pays du Sud, cet ouvrage propose une approche sociologique non normative des rapports entre la violence et le politique. À partir d’études locales, il montre comment les paramilitaires ont participé en Colombie à la répression des opposants, au partage des ressources publiques, à la mise en exploitation capitaliste de zones marginales. À l’échelle nationale, il analyse la manière dont cette même violence est devenue un problème public qu’ont pris en charge les politiques de sécurité, non sans transformer les usages de la justice pénale. Il confirme ainsi que les groupes armés sont ancrés dans le processus historique de formation de l’État, en renouvelant un débat classique et en conférant au cas colombien de « gouvernement dans la violence » une portée paradigmatique.
Jacobo Grajales est maître de conférences en science politique à l’Université de Lille 2 et membre du CERAPS (Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales). Ses recherches actuelles portent sur les rapports entre les situations de post-conflit et l’économie politique du foncier en milieu rural.
Ils en ont parlé :
Un article dans "The Conversation", publié le 29 juin 2016
Un entretien de Jacobo Grajales par François-Xavier Gomez pour Libération (septembre 2016)
"En montrant comment l’État colombien et les paramilitaires définissent mutuellement leur position et leur rôle respectifs dans le conflit et dans le post-conflit, J. Grajales dessine le portrait d’une élite politique, foncière et économique qui consolide son pouvoir. Tandis que le gouvernement respecte scrupuleusement les bonnes pratiques et les standards internationaux, l’ouverture démocratique du pays reste en effet modérée et le modèle économique néolibéral en sort renforcé."
Une recension de Julie Lavielle pour la Revue française de science politique vol 67 (2018)
"Le livre de Jacobo Grajales propose une sociologie historique des liens collusifs entre l’État et les groupes paramilitaires en Colombie. Il souligne la position paradoxale de ces acteurs instables, qui participent à la construction de l’État tout en restant illégaux. L’auteur recourt à la notion de « dissidence relative » pour caractériser la relation des paramilitaires avec l’État, dans la mesure où ils ne s’opposent pas à celui-ci mais s’insèrent dans ses réseaux, en restant encadrés par les institutions politiques et judiciaires."
Un compte-rendu de Gabriela Manrique Rueda pour la revue Politix n°117 (2017)
Fiche technique
- ISBN
- 9782811116279
- Date de parution
- 2016-05-25
- Nombre de pages
- 324
- Largeur
- 135 mm
- Hauteur
- 215 mm
- Editeur
- Karthala
Collection
Thématique(s)
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