

Auteur(s) :LENDJA NGNEMZUE
Résumé :
Les expulsions massives de sans-papiers montrent le principe de commandement – l’art d’ordonner et de se faire obéir – à l’épreuve du faible et de l’Autre. En même temps, elles sont un moment de l’histoire des démocraties libérales qui invite à repenser la sociologie historique du gouvernement autoritaire de l’immigration clandestine au sein de l’Union européenne (UE).
Les expulsions massives de sans-papiers montrent le principe de commandement – l’art d’ordonner et de se faire obéir – à l’épreuve du faible et de l’Autre. En même temps, elles sont un moment de l’histoire des démocraties libérales qui invite à repenser la sociologie historique du gouvernement autoritaire de l’immigration clandestine au sein de l’Union européenne (UE).
Cet essai est une analyse radicale de la construction de l’État, cette réalité politique qui s’est au cours du temps imposée à l’ensemble des sociétés modernes. De la subjectivation de ce dispositif de contrôle de la société ont émergé des figures spécifiques d’étirement et de rétrécissement, d’expansion coloniale et de nationalismes xénophobes. Des études de cas (Belgique, France, Allemagne, Royaume-Uni) montrent dans ce livre que l’évolution en crise du pouvoir territorialisé a partout conduit au retrait de la politique. Si bien que ce qui sature désormais la scène de la gestion de l’immigration « irrégulière », c’est une dangereuse montée en charge des populismes et du commandement autoritaire qui, pour imposer le panoptikon national, s’appuie presque exclusivement sur des archipels techno-bureaucratiques qui quadrillent l’administration européenne.
Cet ouvrage repense l’hospitalité inconditionnelle et les conditions nécessaires pour le maintien en démocratie des États européens qui font face aux nouvelles migrations.
Ange Bergson LENDJA NGNEMZUÉ est philosophe et sociologue. Auteur de plusieurs travaux sur l’hospitalité, l’État et les mobilités internationales, il est enseignant-chercheur, Maître de conférences qualifié en sociologie. Titulaire d’une Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) en sociologie de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS, Paris), d’un doctorat en science politique (Université Paris 8) et d’un doctorat en philosophie (Université Paris I Panthéon Sorbonne), il intervient dans plusieurs institutions en France (Université Paris 8 et École Nationale d’Administration) et aux États-Unis (School for International Training (SIT) et Middlebury College (Vermont).
Avant-propos. Médiatisation des retours forcés
Introduction générale
Un problème de sciences sociales
Approche
Trois variables articulées
I. Enonciations et cheminements
1. Expulsions de clandestins : penser en radicalité
Dé-provincialisation et densification épistémique
Une perspective polémique
Rationalité radicale et suite d'enquête sociologique
Partir de la colonisation primitive
2. Contrôler les corps
Le dispositif selon Foucault
Critiques stimulantes d'Agamben
Bénéfices méthodologiques
Une enquête de culture politique
II. Temps identitaire et altération de l'altérité
3. L'identité nationale comme dispositif
Identité comme événement matriciel
Nation et société industrielle : une archéologie de Gellner
Standardisation culturelle et frontières intérieures
L'activisme culturel dans le débat franco-allemand
Royaume-Uni et Belgique : la neutralisation du centre
Conclusion
4. Géométrie de l'altérité
L'altérité en société agro-lettrée
La légitimation collective de l'empire
De la subordination coloniale à l'idéologie xénophobe
Conclusion
5. Xénophobies et consensus des élites
Genèse et morphologie des nationalismes populistes
Le poids du consensus des élites
Leçons pour d'autres champs nationaux
Conclusion
III. Le temps autoritaire
6. Du principe d'expulsion
Guerre, Etat et territoire
Les clandestins contre la "clôture au seuil"
Désordre international et défiance aux frontières
Conclusion
7. Souveraineté autoritaire et disciplinaire
La massification des renvois
Etat, violence et sécurité
Souveraineté africaine et nouvelle subsidiarité
Réinventer un lien : territoire, circulation et souveraineté
Bureaucratiser les renvois : un sociologue au guichet des étrangers
Conclusion
8. Archipels contre démocraties ?
L'internationalisation de la police et ses retombées
L'ICMPD : un dispositif particulier de recherche
Le sommet de Séville et la radicalisation des archipels
La délégation par enrôlement des entreprises privées
Conclusion
9. Spectre européen du panoptisme national
L'illusion d'une "politique commune"
"Digérer" le populisme en Etat fort
L'hypothèque FN et son avenir
Quid du contexte libéral
Conclusion
IV. Du maintien en démocratie
10. Retour de l'inimitié
Du totalitarisme et de la race
Impensé de la race et situation postcoloniale
Par-delà la race : une critique du commandement pur
Conclusion
11. De la dé-souveraineté
Le concept de dé-souveraineté
Repenser la régulation du droit
Crise identitaire et appartenances plurielles
Renouveler l'imagination politique
Désacraliser la souveraineté
Réinterpréter les idiomes des périphéries
Conclusion
12. Gérer les clandestins en démocratie procédurale
Du "patriotisme constitutionnel"
Les sans-papiers et la no demos thesis
Impacts de la démocratie supranationale
Conclusion
Conclusion générale
Fiche technique
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