

Auteur(s) :ENGEL
Résumé :
Tel est le propos de cet essai : toute mémoire est d’abord un récit construit sur un réel définitivement hors de portée. Si l’on veut qu’une mémoire soit vivante, si l’on veut qu’elle ne soit pas exclusivement tournée vers la mort, il convient de poser les termes d’une mémoire qui aide à vivre. Il convient de substituer au devoir, le désir de mémoire.
Depuis 75 ans, l’Occident tente de digérer le désastre absolu qu’il a provoqué et subi à la fois : la Shoah. Tout ce qui fondait la fierté, l’orgueil de l’Europe – sa culture, ses valeurs, sa « civilisation » – a été remis en cause, bouleversé par ce crime sans précédent. L’idée de la « solution finale », sa mise en œuvre active, la tolérance passive ; comment cela a-t-il été possible ?
Depuis 75 ans, nous tentons de comprendre ce « passé qui ne passe pas », pour reprendre les mots de Ricœur, et il est encore attendu que les jeunes en fassent un élément fondateur de leur mémoire. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, la jeunesse n’a été sommée de répondre à un devoir aussi impérieux, intense et extravagant. Le « devoir de mémoire » est devenu un dogme qu’il est malvenu de remettre en question, sous peine d’être accusé de révisionnisme, voire de négationnisme.
Pourtant, cela ne va pas de soi. Pourtant, les jeunes ne comprennent plus pourquoi ils « doivent » faire mémoire de la Shoah plus que d’autres génocides, plus que d’autres drames.
Pourtant, il est nécessaire de se souvenir et de savoir comment et pourquoi on doit se souvenir.
Si l’on met le « devoir » de côté, on est alors en mesure de réfléchir à ce qu’est la mémoire ; comment elle s’articule au réel, comment elle est instrumentalisée, quelles sont ses parts d’omission, quel est le rôle de l’oubli dans la remémoration.
Tel est le propos de cet essai : toute mémoire est d’abord un récit construit sur un réel définitivement hors de portée. Si l’on veut qu’une mémoire soit vivante, si l’on veut qu’elle ne soit pas exclusivement tournée vers la mort, il convient de poser les termes d’une mémoire qui aide à vivre. Il convient de substituer au devoir, le désir de mémoire.
Vincent Engel est professeur à l’université de Louvain (Belgique), écrivain, dramaturge et chroniqueur. Très impliqué dans le débat public, il collabore au collectif Carta Academica, prônant un engagement dans le débat public des universitaires. Il travaille sur la littérature des camps depuis plus de 30 ans.
Préambule
Introduction
La mémoire de la Shoah : une exigence extravagante
Partie 1. Antisémitisme, Shoah et antisionisme
L'antisémitisme à travers le temps
L'antisémitisme préchrétien
L'antisémitisme chrétien
L'antisémitisme chrétien et contemporain
Les différentes formes d'antisémitismes modernes
L'antisémitisme musulman
La Shoah
Sionisme et antisionisme
Genèse et fondements du sionisme
Une brève histoire du sionisme
Oppositions du monde juif au sionisme
Le rapport du sionisme à la diaspora
Le rapport du sionisme à la religion
Le sionisme face au nazisme et à ses conséquences
Antisionisme et antisémitisme
Partie 2. Faire mémoire
Fiction et réalité
Qu'est-ce qui est ?
Que se passe-t-il ?
Qui suis-je ?
Le rapport au réel
La question du mal
Récit de mémoire, mémoire du récit
Les processus de réconciliation
La vérité de la fiction
Fiction et empathie
La cohérence de la fiction face au chaos du monde
Partie 3. Du devoir au désir
Le devoir de mémoire
Temps, faute et souffrance
Actualité de cette mémoire
Le "siècle des victimes"
Uné mémoire crispée et menacée de sclérose
Retour de l'antisémitisme, réalité de l'antisionisme
Ordres imaginaires, culpabilité, souffrance et temps linéaire
Du devoir au désir
Les annexes en ligne : Cliquez ici
Une interview de l'auteur par William Bourton dans Le Soir (mars 2021)
Fiche technique
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