Le nomade et la ville à Djibouti. Stratégies d'insertion urbaine et production de territoire
Auteur(s) :SAID CHIRE
Résumé :
Depuis sa création en 1977, la République de Djibouti attire les populations pastorales de toute la région. Les immigrants intègrent la ville de Djibouti via des réseaux socio-spatiaux qui s’étendent entre la ville et la brousse et dont les noeuds sont autant de points de chute où le migrant trouve les ressources nécessaires à la poursuite de son voyage ou à sa fixation sur place.
Depuis sa création en 1977, la République de Djibouti attire les populations pastorales de toute la région. Les immigrants, déplacés pour cause de problèmes climatiques, politiques ou économiques, intègrent la ville de Djibouti via des réseaux socio-spatiaux qui s’étendent entre la ville et la brousse et dont les noeuds sont autant de points de chute où le migrant trouve les ressources nécessaires à la poursuite de son voyage ou à sa fixation sur place.
Une fois en possession d’informations suffisantes sur les procédures d’acquisition foncière et les possibilités de logement dans la ville de Djibouti, les candidats à la ville, accueillis et hébergés dans les quartiers de la plaine alluviale, partent à la recherche d’une parcelle de terrain vers les banlieues-bidonvilles de Balbala, Hayabley et P.K.12. A la périphérie de la ville, les immigrants « squattent » tout terrain non bâti, qu’il ait été déjà attribué ou non. C’est de façon illégale qu’ils accèdent donc au sol et au logement.
Les néo-citadins que sont devenus les pasteurs nomades n’ont pas du tout l’impression d’être des « squatters ». Selon leur propre conception, ils ne font qu’exercer le « droit » d’usage historique qu’ils détiennent sur le sol djiboutien puisque la capitale djiboutienne a vu le jour sur leur territoire traditionnel. C’est donc une argumentation identitaire qu’ils tiennent lorsqu’ils réclament la reconnaissance et la régularisation de leurs occupations. Les candidats à la ville s’approprient individuellement les périphéries de la ville de Djibouti dans la mesure où ils y bâtissent des logements. Ils les territorialisent aussi collectivement en les enserrant dans des réseaux spécifiquement urbains et dont le but est la transformation, l’organisation et l’amélioration de l’espace de vie commun que sont les quartiers d’habitation.
Les immigrants font preuve d’une grande capacité de socialisation de leurs nouveaux lieux de vie. Les quartiers urbains remplacent les espaces de vie traditionnels, même si les territoires lignagers, principaux lieux d’appartenance au territoire, demeurent. Dans les stratégies mises en place pour territorialiser l’espace urbain, le structurer et l’investir de sens, tradition et modernité sont mises à contribution pour faire aboutir les projets de vie. Cette double territorialité explique la facilité avec laquelle les nomades se sont fondus dans la société urbaine. L’utilisation de l’espace est restée la même : identification et utilisation des lieux en fonction des potentialités qu’ils renferment : opportunités d’emploi, entretien de son capital relationnel.
Amina Saïd Chiré est maître de conférences à l’Université de Djibouti. Après des travaux de recherches sur la fin du nomadisme et la sédentarisation des pasteurs nomades en République de Djibouti, elle s’est orientée, vers la conception d’ouvrages de référence sur la République de Djibouti tel l’Atlas de Djibouti (en collaboration avec Alain Gascon).
Ils en ont parlé
Fiche technique
- ISBN
- 9782811105983
- Date de parution
- 2012-04-05
- Nombre de pages
- 264
- Largeur
- 160 mm
- Hauteur
- 240 mm
- Editeur
- Karthala
Thématique(s)
Collection
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